1. L’œuvre de Michel Houellebecq peut être considérée comme existentialiste en raison de certains thèmes récurrents qu’elle aborde, tels que la solitude, la vacuité existentielle et la quête de sens.
Houellebecq décrit souvent des personnages qui se sentent déconnectés de la société et qui cherchent à comprendre leur place dans le monde. Ses romans mettent en scène des individus qui sont confrontés à un vide existentiel et qui tentent de le combler en explorant différentes philosophies, religions ou idéologies.
De plus, l’auteur met également en évidence le rôle de la technologie et de la consommation dans la création de cette vacuité existentielle, il montre comment ces facteurs ont contribué à l’individualisation et à la perte de sens commun.
En somme, l’œuvre de Michel Houellebecq est souvent considérée comme existentialiste en raison de ses explorations des thèmes de la solitude, de la vacuité existentielle et de la quête de sens.
2. La Nausée de Jean-Paul Sartre et l’œuvre de Joris-Karl Huysmans partagent des thèmes similaires qui ont des racines dans la tradition littéraire du naturalisme.
La Nausée est considérée comme une œuvre phare du naturalisme existentialiste, elle raconte l’histoire d’un homme qui se rend compte que toutes les valeurs et les croyances sur lesquelles il avait fondé sa vie sont illusoires. Il se retrouve face à un vide existentiel et à un sentiment de répulsion envers le monde qui l’entoure.
L’œuvre de Huysmans, qui est considéré comme l’un des principaux représentants de la littérature naturaliste française, aborde également des thèmes similaires, tels que la crise existentielle, la répulsion envers la société et la vie moderne, et la recherche d’un sens à la vie. Ses romans, tels que A Rebours, décrivent des personnages qui cherchent à échapper à la banalité de la vie quotidienne en explorant des philosophies, des religions et des idéologies alternatives.
En somme, La Nausée de Sartre et l’œuvre de Huysmans partagent des thèmes similaires qui ont des racines dans la tradition littéraire du naturalisme, notamment la crise existentielle, la répulsion envers la société moderne et la recherche de sens à la vie.
3. Antoine Roquentin, le héros de La Nausée de Jean-Paul Sartre, et Folentin, le héros d’À vau-l’eau de Joris-Karl Huysmans, partagent des similitudes : leur quête existentielle et leur sentiment de dégoût envers la société moderne.
Tout comme Roquentin, Folentin est un personnage qui se sent déconnecté de la société et qui cherche à comprendre sa place dans le monde. Il se sent vide et désenchanté, et cherche à échapper à la banalité de la vie quotidienne en explorant des philosophies et des idéologies alternatives.
De plus, les deux personnages sont également confrontés à un sentiment de dégoût envers la société moderne et les conventions sociales. Roquentin est révulsé par les objets qui l’entourent, tandis que Folentin est dégoûté par la vie mondaine et les faux-semblants de la société bourgeoise.
En somme, Antoine Roquentin et Folentin sont des personnages similaires dans leur quête existentielle et leur sentiment de dégoût envers la société moderne. Les deux personnages cherchent à comprendre leur place dans le monde et à échapper à la banalité de la vie quotidienne en explorant des philosophies et des idéologies alternatives
4. Filiation Sartre Houellebecq
La Nausée. Contient en germe une partie de l’œuvre de Houellebecq. (Même si politiquement les deux auteurs sont opposés)
L’existentialisme est, au fond, la philosophie des romans de Houellebecq.
Huysmans, un ancêtre commun. Dans Soumission Houellebecq livre cette clé. Le personnage principal a consacré une thèse à l’auteur de À rebours.
On reconnaît une filiation entre Sartre et Huysmans en rapprochant La Nausée et À vau-l’eau, une nouvelle caractéristique de la première période de Huysmans. La thématique est voisine.
Et il y a une parenté entre le personnage de Huysmans, M. Folantin, et Antoine Roquentin, le héros de La Nausée.
Sartre s’est-il inspiré de Huysmans pour nommer son personnage ? Toujours est-il qu’il y a une communauté entre l’anti-héros de Huysmans et celui de Sartre. Le premier, un célibataire du XIXème siècle, petit fonctionnaire, mène une vie triste.
Du côté de Roquentin, un historien qui tente d’écrire une biographie, l’existence n’est pas plus joyeuse. Une inquiétude existentielle le taraude. Elle porte le nom de « nausée », mais elle s’apparente à la mélancolie (le roman s’intitulait d’abord Melancholia).
De Huysmans à Sartre, passons à Houellebecq. Est-ce qu’on ne reconnaît pas l’ambiance marquée par le dégoût de soi et du monde ?
Comme le Folantin d’À vau-l’eau, le héros de Houellebecq est souvent en recherche de nourriture. Les scènes de visites de supermarché sont typiques de la vie standardisée et médiocre que mènent les personnages de Houellebecq.
5. Donc, pour résumer, Soumission établit un lien entre l’œuvre de Huysmans et celle de Houellebecq. Et La Nausée dialogue avec À vau-l’eau.
Ce qui est commun entre les trois auteurs (tout du moins dans les œuvres qui ont été citées) c’est ce malaise existentiel si caractéristique de l’homme moderne.
De Huysmans (1880) à Sartre (1940) puis à Houellebecq (2010), la perspective évolue sur ce malaise de civilisation.
Plusieurs facteurs évoluent. La science et la technique ont progressé : le personnage de Huysmans (et même celui de Sartre) demeurent dans une société relativement traditionnelle, mais déjà modifiée par l’industrialisation. La société houellebecquienne est déjà transhumaniste.
Cette transformation de la société sous l’influence de la technoscience a bien sûr un impact sur l’individu. Elle l’isole et le condamne presque à la solitude. Les désirs sont réalisés mais on ne désire plus : tel est le drame de héros houellebecquien.
L’aspect religieux du conflit interne apparaît, notamment chez Huysmans et Houellebecq. L’auteur d’À vau-l’eau et d’À rebours va suivre un itinéraire spirituel compliqué. D’abord auteur réaliste et athée, il va s’engager jusqu’à une conversion au catholicisme.
Cette possibilité de la conversion, Houellebecq l’abordera dans Soumission. Après avoir envisagé d’engager son personnage vers le christianisme, il choisira de le convertir à l’islam. Une option opportuniste, mais qui ne résout pas, au fond, le malaise existentiel : Soumission ne se conclut pas en happy end.
Chez Sartre, l’athéisme est de mise. Et face à la nausée et à l’absurde de la condition humaine, seule la responsabilité et l’engagement (politique ou artistique) peuvent nous délivrer.
Il est à noter que Sartre n’est peut-être aussi éloigné de la religion chrétienne qu’on le pense parfois. Sa vision de la solidarité humaine vise à échapper au désespoir.
6. Mais que signifie cette filiation ?
Elle provient d’une impression de lecture. En lisant Houellebecq récemment, j’ai estimé que l’horizon dans lequel évoluaient ses personnages restait fondamentalement existentialiste.
Notre rapport aux autres, situations est existentialiste. Il n’est plus empreint de religion.
Les personnages de Houellebecq sont confrontés à ce vide de Dieu. Le ciel est vide pour eux.
Houellebecq déplore souvent, il me semble, de ne plus pouvoir s’appuyer sur la croyance en dieu.
Ses personnages sont généralement des cadres bien insérés dans la société. Mais leur vie n’a aucun sens. Ils souffrent. Ils ne sont pas heureux.
7. En lisant Huysmans, nous faisons une archéologie des thématiques développées chez Houellebecq.
Le personnage de Jean Folantin, célibataire et fonctionnaire, ressemble à un personnage de Houellebecq. Il n’est pas plus brillant. C’est un homme moyen.
Et, comme les personnages de Houellebecq, il cherche le bonheur. Il souffre. Il est amer.
À travers la recherche d’un restaurant tout juste acceptable (ce qui fait de Folantin un Ulysse moderne et dérisoire), Huysmans dépeint la condition de l’homme moderne.
Ce qui caractérise l’homme de cette époque, à l’aube de l’industrialisation, c’est le déracinement. La solitude en est la conséquence.
Les rapports humains sont régis par l’argent. La dimension économique génère de la déception, à l’image des repas médiocres qui se suivent dans la vie de Jean Folantin.
8. Le désespoir vend. Une émotion forte guide les lecteurs.
Houellebecq disait qu’il prenait la plus grande peur des gens et la poussait à son maximum. Par exemple, la peur de l’islam a donné Soumission.
Le principe qui guide Houellebecq repose donc sur un certain sadisme. Mais le lecteur aime avoir peur. Il suspend son incrédulité pendant le temps de la lecture. Le spectateur d’un film d’épouvante ne se soucie pas de la véracité des événements racontés.
9. De toute façon, cet auteur, de même que Sartre ou même Huysmans, ont tendance à agiter des sentiments glauques, négatifs.
Des lecteurs ont parlé du goût du « visqueux » de Sartre.
10. La filiation de Huysmans à Houellebecq se situe également sous la figure de Schopenhauer et dans la lignée des auteurs chrétiens.
11. Dans la préface de Romans et nouvelles de J. K. Huysmans dans la Pléiade, on fait le rapprochement avec Sartre, mais aussi Houellebecq.
« M. Folantin, le protagoniste d’À vau-l’eau, est le prototype du bureaucrate déclassé, chassé de son bureau à la fin de la journée, livré à la rue, aux gargotes, à l’errance désargentée. (…) Plus que celui de Des Esseintes,* le fantôme de Folantin hante le roman du XXème et du XXIème siècle. Sartre s’en est souvenu pour le Roquentin de La Nausée (1938), et Michel Houellebecq, avant de se ressourcer dans le Huysmans d’En route et de placer la conversion à l’horizon inaccessible de son roman de 2015, Soumission, avait ressuscité Folantin dès Extension du domaine de la lutte (1994), puis dans Plateforme (2001) ». (André Guyaux et Pierre Jourde, préface de l’édition de la Pléiade des œuvres de Joris Karl Huysmans, pp. XVII-XVIII)
* le héros d’À Rebours.